Paroles d'habitants
ClaudeCette ancienne lavandière, évoque ses souvenirs du lavoir et les difficultés du métier.
Cette ancienne lavandière, évoque ses souvenirs du lavoir et les difficultés du métier.
Rochefort-en-Terre a compté près d’une vingtaine de lavoirs, privés et publics, comme autant de lieux de sociabilité où les femmes pouvaient se réunir et discuter. Certaines exerçaient le métier de lavandière au service de particuliers, d’autres venaient laver leur propre linge.
Construction modeste, il est néanmoins un élément important du patrimoine de la cité. Le lavoir de l’étang de Rochefort-en-Terre se dévoile au regard du promeneur après quelques recherches. Il est facile d’imaginer la vie qui s’y déroulait : un univers féminin ou l’homme de la maison n’avait pas sa place (mais il ne devait pas s’en plaindre).
La découverte de ce lavoir se mérite car il faut quitter le haut du bourg, en passant par la rue Candré ou la venelle du Mitan. Ce lieu nous invite à la réflexion et nous projette dans un passé pas si lointain, ou les éléments de confort actuels n’existaient pas. Sa conception et son architecture sont la preuve que l’utilitaire peut être beau. Mais il ne faudrait pas le limiter à cette seule fonction. Lieu d’échanges, de rencontres et de discussions, le lavoir était le lieu ou tout se disait et se répétait.
Madeleine Fleury (épouse Le Visage), née à Rochefort-en-Terre en mai 1924 et décédée à Lorient en mai 2019. Elle a habité à l’étang toute son enfance, dans la maison de ses grands-parents, voisine du lavoir public, où sa famille a emménagé vers 1930.
On n’avait ni vélo, ni radio, ni télé bien sûr. On jouait à la poupée, à l’école. La place de l’église était notre grande cour de récréation, il y avait moins de touristes à l’époque, on ne connaissait pas encore les 40 heures. Les garçons venaient beaucoup à la pêche à l’étang : pêche aux goujons, des vairons, des truites, des gardons, mais aussi des grenouilles que nous appâtions avec des chiffons rouges. A cette époque, il y avait beaucoup de ces batraciens dans l’étang qui nous « charmaient » de leurs chants mélodieux. II y avait encore la pêche à la bouteille et la pêche à l’anguille. L’étang était aussi très fréquenté par les Rochefortais, à cause de la pompe. Pas d’eau au robinet ; et, heureusement, la pompe était là. Elle n’était pas trop loin, mais pour remonter toutes les côtes de l’étang, avec deux seaux pleins ce n’était pas une partie de plaisir…
Vous ne pouvez savoir ce qu’était un lavoir dans ces années d’avant-guerre … Dès 6 heures du matin on descendait avec, sur la brouette : le linge sale bien sûr, mais aussi le savon, la lessive, la « javel”. II fallait être de bonne heure pour avoir la meilleure place, celle qui n’était pas trop loin des « chaudières », sorte de grandes lessiveuses, qui étaient sur place, et qu’on utilisait à tour de rôle, contre quelques sous. Et on se mettait au travail ! On savonnait, on brossait, on tapait avec le battoir, et on bavardait… Tous les potins étaient ainsi colportés, on tapait sur le dos de tout le monde ; on commentait les événements, mariages, fiançailles, enterrements, tout était passé au crible, et bien sûr à voix haute, très haute même pour dominer les bruits du battoir et les « ploufs » du linge dans l’eau. Et, à la fin de la journée, il fallait « remonter » avec la brouettée de linge mouillé. C’était très dur, surtout l’hiver. II faut dire qu’à l’époque on se changeait beaucoup moins que maintenant, d’ailleurs, on n’avait pas 36 toilettes.
Le lavoir est maintenant au repos, car nous sommes à l’ère de la machine à laver. C’est sûrement un progrès que les femmes apprécient. Mon lavoir personnel revit un peu l’été. Ce n’est pas désagréable au mois d’août de patauger dans l’eau fraîche, mais loin des yeux des touristes(…).
II y avait aussi un grand moment auprès du lavoir, le grand, « le mois de septembre« , le mois des champignons. On en trouvait beaucoup, et justement les fameuses “chaudières étaient réquisitionnées. Une personne de Rochefort accueillait les ramasseurs, qui venaient de toute la région, et leur cueillette. On les payait et, ma foi, tout le monde était content. Ces champignons, surtout des cèpes, étaient ébouillantés, puis séchés sur des claies. Quelqu’un venait les prendre pour très probablement les emmener à l’usine.
Elles sont des personnages de légende féminins effrayants, mis en scène dans de nombreuses histoires de l’Ouest de la France, qui passent leurs nuits à laver et frapper leur linge. Ceux qui les rencontrent en rentrant de veillées ne manquent pas d’être terrorisés car elles sont considérées comme des revenantes.
Dans la campagne de Pluherlin, il arrive que des lavandières nocturnes appelle le passant pour qu’il les aide à essorer le linge. Malheur à celui qui tord le linge dans le mauvais sens : il risque d’avoir les deux bras cassés.
Certains oiseaux, avaient autrefois mauvaise réputation dans notre région.
Tous les ans à la Toussaint, on pouvait voir une curieuse apparition, une nuée de corbeaux s’abattait sur le pâturage bordant une mare, près du lavoir de Rochefort-en-Terre. Ces oiseaux possédaient tous une physionomie particulière qui les faisait ressembler à des personnes disparues, mortes en état de péché mortel. (Extrait d’un livre consacré aux croyances liées à l’eau).