Rochefort-en-TerreMémoires de vi(ll)esavec Plum'FM
Sauvegarder la
mémoire de nos aînés
Le projet
Mémoires de vi(ll)es
Il s’agit d’un projet de collectages radiophonique porté par l’association Petites Cités de Caractère®de Bretagne et la Coordination des radios locales et associatives de Bretagne (CORLAB).
Cette proposition est née dans le cadre de « l’Été culturel 2023 » une opération lancée par le Ministère de la Culture, visant à proposer des animations culturelles aux publics qui ne partent pas en vacances durant la période estivale.
Ce projet d’envergure régionale inscrit dans les Droits Culturels, est parti à la rencontre des aînés des Petites Cités de Caractère® afin de les impliquer dans la vie de la cité et sauvegarder leurs mémoires des lieux, bien vivantes !
Sur les 31 villes labellisées Petites Cités de Caractère® de Bretagne, ce sont 7 d’entre elles qui ont participé à la 1ère édition du projet. En savoir plus sur le site internet de la CORLAB.
Si bien des choses rassemblent les Petites Cités de Caractère®, à commencer par leur histoire et leur patrimoine bâti remarquable, elles ont chacune leurs spécificités. Et quel meilleur moyen de les explorer si ce n’est avec le regard de celles et ceux qui la peuplent, et ce, depuis parfois la naissance ?
Des enregistrements collectifs ou individuels se sont déroulés de juin à septembre 2023 à la mairie de Rochefort-en-Terre avec la radio Plum’FM. avec à la clé, la réalisation de productions radiophoniques.
La mairie de Rochefort-en-Terre a tout de suite été enthousiasmé par le projet Mémoires de vi(ll)es. Le suivi du projet a été confié à Léonie Clénet chargée de mission Tourisme et Patrimoine à Rochefort-en-Terre.
À Rochefort-en-Terre, la mairie a pris le parti de créer un lien de confiance avec les habitant·e·s. Nous avons souhaité réunir des profils de personnes différentes, que ce soit en termes d’âge, qu’elles soient nées ou non ici, qu’elles aient vécu ailleurs ou non, et qui viennent de quartiers différents. J’ai procédé à un tour de village afin d’aller à la rencontre des seniors pour les inviter à participer au projet. On m’a donné les adresses et je suis allée toquer aux portes. J’ai dû retourner plusieurs fois voir certaines personnes pour les convaincre. Ce qui nous intéressait avec ce projet, c’était de découvrir ce que la population de Rochefort-en-Terre pense de l’évolution de la petite cité et notamment les seniors. Notre objectif : réduire la distance entre les habitants et les touristes, en remettant les habitants au centre du projet de la commune.
Découvrir Rochefort-en-Terre
à travers les yeux de ses habitants
Les habitant.e.s
René Bignonet (84 ans), Gérard Marquet (84 ans) et Claude Méha (88 ans) sont tous les trois nés à Rochefort-en-Terre sans jamais la quitter, exerçant tour à tour les métiers de menuisier-ébéniste, peintre en bâtiment, et de femme de ménage.
Claude Magnen, né aux portes de la cité à Pluherlin (en 1958) travailla aussi en tant que peintre en bâtiment et s’impliqua au Conseil municipal durant 24 ans. Au service des autres, les trois hommes ont consacré de leur temps en tant que pompiers.
Native de la cité, Christine Méha (70 ans), la sœur de Claude, partit travailler à Paris à 17 ans avant de revenir à ses racines et œuvrer à la maison de retraite come veilleuse de nuit.
Après une carrière parisienne comme fonctionnaire, Annie Lisle (72 ans) renoua elle aussi contact avec son pays de cœur pour la retraite, installée dans la maison parentale (son père était le cantonnier du village).
Renée-Anne Andrieux, née à Concarneau, s’est ancrée à Rochefort-en-Terre avec son époux en œuvrant bénévolement à l’école, l’église et la bibliothèque.
Enfin, l’expérience de Denise Tabary et Marie-Paule Le Blay (84 ans) en tant que « non-natives » de la commune, est d’une grande richesse, puisqu’elles ont participé à la vie locale en gardant les enfants de la commune et en tenant un café dans le « Vieux Bourg ».
Les 9 participants se sont exprimés sur de nombreux sujets et pour celles et ceux qui le souhaitaient, la photographe Sarah Chajari – l’Atelier du canal, était présente à leurs côtés pour immortaliser leurs portraits et ainsi valoriser les femmes et les hommes qui font vivre Rochefort-en-Terre.
Ces rencontres présente une sélection de témoignages qui racontent des destins individuels mais aussi collectifs. Une manière de raconter l’histoire de la Bretagne et de découvrir Rochefort-en-Terre à travers la voix des habitants, véritables ambassadeurs et passeurs de mémoires.
La richesse et la variété des sujets abordés offrent une plongée dans la société de l’entre-deux guerre à aujourd’hui et invitent à s’intéresser aux modes de vie traditionnels, à l’école et aux loisirs, aux patrimoines, aux anciens métiers, aux fêtes populaires ou encore au rapport ville/campagne qui ont marqué ces dernières décennies.
Dans une marche constante vers la modernité, le rappel des racines semble nécessaire pour se rappeler d’où l’on vient et préserver les liens sociaux intergénérationnels.
DIFFUSION SUR LA RADIO PLUM’FM
Les 6 émissions « Mémoire de Vi(ll)es » enregistrées à la mairie de Rochefort-en-Terre
seront diffusées sur les ondes de Plum’Fm (102.1 et le 107.8)
du lundi 27 mai au samedi 1er juin à 11h et 22h
et mises en ligne en podcast au fur et à mesure de leur diffusion ci-dessous.
La vie de la cité
De quelle façon vivait-on à Rochefort-en-Terre au siècle dernier ? Ce 1er épisode revient sur la vie de la cité, où se concentraient des fonctions commerçantes, administratives et scolaires ; et où les commodités comme l’eau courante sont arrivées petit à petit. Entre débrouille et entraide, les anecdotes foisonnent. Les habitants se remémorent aussi l’ambiance chaleureuse des fêtes qui rassemblaient la communauté et où la musique n’était jamais très loin, mais encore la procession spectaculaire du pardon. La Seconde Guerre mondiale constitue également un fil rouge dans la mémoire collective. Plus récemment, l’essor du tourisme invite à réfléchir aux enjeux de cohabitation entre les visiteurs et les habitants et à la préservation de l’environnement.
L’ancrage dans la cité
Qu’on soit « vrai Rochefortais » ou tombé amoureux de son patrimoine sur le tard, qu’on habite le Vieux-Bourg ou la ville haute, d’où naît le sentiment d’appartenance à la cité ? Les habitants témoignent de leur lien, profond, enraciné, avec Rochefort-en-Terre. Pour tous, un fait a marqué durablement leurs souvenirs : l’incendie de la maison de retraite le 13 octobre 1953. Il s’agit du plus grand sinistre que la ville ait connu au XXe siècle, suite à cet événement René Bignonet est devenu pompier et chef du centre de secours. Une attention est aussi portée à l’investissement des habitants dans la vie de la cité.
Les patrimoines matériel et naturel
Pour raconter l’histoire de la ville, ce sont les maisons les plus anciennes et le site du château qui sont choisis, chargés d’art et d’histoire. Restauré au siècle dernier par la famille Klots, venant d’Amérique et adoptée par les Rochefortais, le château n’a été ouvert au public que récemment. Situé en face de l’école publique, il offrait un terrain de jeux aux enfants après les cours, dans les douves et souterrains. En contre-bas, le Vieux-bourg hébergeait une population plus modeste que dans la ville-haute, où siégeaient des commerçants plus riches et parlant le français. Si l’on s’intéresse au patrimoine naturel, les habitants décrivent avec un attachement certain l’écrin de verdure dans lequel se niche la cité, à commencer par les Grées, paysages de schiste ardoisier propices à de nombreuses randonnées. L’échange est enfin l’occasion de rendre hommage au maire René Belliot, qui a joué un rôle essentiel dans l’obtention de la marque Petite Cité de Caractère® en 1978 !
La vie dans Rochefort, c’était essentiellement une vie de commerçants et d’artisans. Il y en avait pratiquement à toutes les portes. Rien que le Vieux-Bourg, j’ai compté plus d’une vingtaine de commerces : il y avait trois boulangers, deux bouchers charcutiers, cinq ou six épiciers.
Les bâtiments n’ont pas bougé. J’ai plus de 70 ans et ce sont les mêmes depuis mon enfance. C’est ça qui fait patrimoine, qui fait que c’est une Petite Cité de Caractère.
À l’école libre. Il y a eu une cantine et maman a fait les repas aux enfants de la campagne qui ne rentraient pas chez eux, qui venaient avec de gros sabots de cheminot.
L’enfance et les loisirs
Dans les années 1950, il y avait à Rochefort deux écoles où les enfants restaient jusqu’à 14 ans : l’école publique, et l’école libre de Notre-Dame – privée et catholique – que certains avaient renommées l’école du diable et l’école du bon Dieu. Une rivalité importante existait alors entre les deux établissements et les élèves ne se fréquentaient guère, excepté lors des commémorations de guerre. Les habitants racontent les jeux et distractions qui plaisaient tant dans la cour de récréation (la marelle, les billes, les osselets…) comme toutes les bêtises qu’ils ont pu faire, dans une belle insouciance ! Le midi, pour ceux qui habitaient trop loin, il fallait manger à la cantine ou bien chez l’habitant.
Les métiers et les commerces
Au milieu du XXe siècle, les commerces formaient une liste à la Prévert ! Au moins 23 bistrots, 3 boulangeries, 3 chausseurs, un sabotier, des maçons, des marchands de charbon, des peintres, un barbier, des mécaniciens, un chapelier etc.… Rochefort-en-Terre était un chef-lieu de canton et presque tout s’y trouvait. Il y avait aussi les Ponts et Chaussées, une poste, une gendarmerie, un abattoir et nombre de professionnels de santé. Les pardons religieux étaient encore très vivants. De quoi attirer les habitants des communes avoisinantes !
La communication, les médias et la transmission
Comment s’informait-on au siècle dernier ? C’est tout l’objet de ce dernier épisode ! Les discussions suivent l’évolution des moyens communication. En 1940, contrairement aux communes rurales, Rochefort-en-Terre a l’électricité et plusieurs foyers possèdent une radio. Le téléphone et la télévision sont plus rares, mais on s’arrange avec les voisins pour en profiter. Des antennes sont même installées sur l’éperon rocheux des Grées ! L’émission se termine par un retour d’expérience sur le projet « Mémoires de villes ».
On allait trainer dans les Grées, dans les carrières… Les parents ne se préoccupaient pas d’avec qui on était ni de ce que l’on faisait. On rentrait juste pour l’heure du repas.
Je n’ai pas eu l’intention de partir d’ici. J’étais bien implanté, je me trouvais bien. Il faut dire aussi que quand on était un garçon et que l’on avait un père qui était artisan, la question ne se posait même pas à l’époque. Obligatoirement, on devait prendre le même métier et la succession. C’est comme ça que je suis resté et honnêtement, j’espère encore rester longtemps.
Je ne regrette pas d’être venue. J’ai appris beaucoup de choses !